Le verre de jus d'orange
Ca commence avec un verre de jus d'orange fraîchement pressées, que je n'ai plus envie de déguster...
Ca se passe ce matin, enfin ce midi,
après avoir pris le temps d'être dans mon présent mouvant : lumière d'un ciel bleu, chaleur de la couette, vivacité de l'eau sur ma peau, odeur du savon, frottement de serviette, corps nu, corps enveloppé.
Après avoir goûté la fluctuation de ma respiration, contacté différentes parties de mon corps
Après avoir senti les zones de tensions, regardé, respiré, massé, articulé, dansé...
Je me sens doucement rêve-éveillée
Et je veille sur cet éveil
Et je sens la horde d'automatismes frapper à la porte: Quelle heure est-il ? Ai-je des mails?Qu'est-ce que je dois faire aujourd'hui ?...
Je sens à quel point je dois être ferme pour ne pas sauter dans ce tourbillon et conserver ce contact intérieur avec mon cœur et ses battements. En fait je le sens très concrètement quand je perds cette ancre. Dès que je m'emballe, m'éparpille, me disperse, me remplie, ma respiration remonte et se bloque au niveau du cœur, elle se sert et cela peut même devenir oppressant.
Alors quand je sens un flou, un vide, un silence qui s'allonge et se prolonge, plutôt que de m'agiter et saisir la première perche à porté de pensée ou de corps, j'accueille et savoure la suspension...
Ce temps qui passe et où rien ne semble se passer...
Donc il est midi ! Je n'ai pas encore commencé à travailler sur mon décor, j'ai pressé une orange et je n'ai pas envie de la boire... « Mais quand même maintenant qu'elle est pressée...les vitamines vont s’oxyder...tu le bois comme ça c'est fait... »
Non.
Je suis sur une terrasse en bois au soleil, un avion passe, les jeunes chênes voisins bruissent leurs feuilles séchées, j'ai l'impression d'attendre mais en fait, je suis.
Oui, JE SUIS
Je suis comme la tourterelle posée sur une branche qui balance.
Je suis comme ce brin d'herbe enraciné et chahuté par le vent.
Je suis comme cette pierre apparemment compacte et immobile, chauffée par le soleil.
La tourterelle est rejoin par d'autres, le brin d'herbe résonne avec la feuille morte, la pierre ne bouge toujours pas.
Je ferme les yeux
la tourterelle s'envole